LES LONGUES ANNEES DE TORTURE SOUS BEJI CAID ESSEBSI : A QUAND LE DEUIL ?

La plupart des articles qui abordent la douloureuse question de la torture en Tunisie consiste uniquement en une transcription du contenu de plaintes déposées par les victimes de la torture sous Ben Ali, le plus souvent relatives au début des années 90.  

Très peu osent, jusqu’à ce jour et depuis la révolution tunisienne de janvier 2011, aborder la torture en tant que système qui remonte aux premières années de l’indépendance (années soixantes). Les raisons de ce silence doivent être nombreuses. Ce silence pourrait être inhérent au manque d’informations et de témoignages vivants, mais aussi, il faut le dire, à une volonté de garder le silence sur cette période obscure de la Tunisie. Certains milieux, certains responsables, auraient choisi en 2011, d'éviter de remuer le couteau dans la plaie...surtout que les responsables du ministère de l’intérieur sous Bourguiba sont, pour une grande partie d'entre eux, toujours en vie. Ceci est d'autant plus plausible que Béji Caid Essebsi, ancien ministre de l'intérieur des années 60, n'était autre que le premier ministre de la transition démocratique en Tunisie!

Curieusement, et pour l’histoire, on retiendra que parmi 24 ministres de l’intérieur de la Tunisie indépendante, un seul a été inquiété pour affaires de torture, en l'occurence Abdallah Kallel, un énarque et économiste de carrière ayant été nommé au ministère de l'intérieur en 1991. Kallel est le seul a avoir été inquiété, poursuivi, arrêté et même déjà inculpé (en première instance à l’heure de l’écriture de ce billet), pour torture, malgré que l’on sait désormais que la torture a été instauré bien plutôt que l’arrivée de ce ministre et qu’elle a continué après son départ. La torture continue à être pratiquée même jusqu’à ce jour d’après les déclarations de Mme Radhia Nasraoui. A noter enfin, pour l'histoire aussi, que Kallel a été arrêté et inculpé pour torture sous Béji Caid Essebsi!

Le premier journal (Al Hassad ), à ma connaissance qui aborde le sujet en tant que véritable dossier, n’est pas des plus vieux sur la scène. Et pourtant, un dossier sur les années de tortures sous Bourguiba, en l’occurrence celles sous Béji Caied Essebsi a orné son numéro de cette semaine. Il s’agit entre autre de l’ère  sous Béji Caied Essebsi, Taieb Mhiri et Driss Guiga. Ceci dit, Béji Caied Essebsi reste le responsable politique qui a la longévité en matière d’années passées au ministère de l’intérieur : 14 ans !! Il détronerait même l’autre super policier, Zinelabidine Ben Ali, sur ce plan.

Vu l’importance du sujet et la rareté des données sur cette partie noire de l’histoire de la Tunisie, Bokbok Tunisien se propose de traduire et de publier le contenu de ce dossier, notamment un travail de synthèse bien documenté et réferencié signé par Dr Med Dhiefallah. A noter que dans ce même numéro, est publié le texte intégral d’une plainte pour torture contre Béji Caied Essebsi déposée par l’avocat Me Mabrouk Korchid à la date du 10 février 2012, ce qui constitue une autre plainte pour torture contre le même Essebsi la première étant déposée par l’avocat Me Becher chebbi.

A suivre donc sur Bokbok Tunisien concernant les détails du système de torture sous Béji Caied Essebsi, tiré de ce dossier sur l’hebdomadaire Al Hassad de cette semaine. 

 ci joint aussi un lien à une interview sur shems fm, à propos de ce sujet: 

http://www.mosaiquefm.net/index/a/ActuDetail/Element/18255-Les-youssefistes-portent-plainte-conte-B%C3%A9ji-Ca%C3%AFed-Essebsi.html