UN SILENCE SONORE SUR UNE MORT SOUS TORTURE DE 1989
Ma pensée du jour est suffisamment douloureuse pour donner congé à ma bonne humeur.
C’est une pensée dédiée à l’âme du jeune Marouane Ben Zineb, décédé en juillet 1989 sous la torture, et dont le meurtre a été maquillé en suicide. Autant dire que le maquillage était vraiment raté.
Rappelons, sans détails, que feu Marouane n’était ni un islamiste, ni un gauchiste et encore moins un agent de la mafia italienne ou même cubaine. Marouane était ce brillant informaticien qui en a su un peu trop sur Ben Ali et ses liens avec le Mossad en infiltrant le réseau informatique.
Moins de cinq mois après la révolution, son dossier remonte à la surface. L’enquête a été rebootée et le corps du défunt, ou ce qui en restait, a été exhumé pour autopsie. Pas plus tard que la semaine dernière, les autorités en ont même présenté une toute petite mise au point dans le cadre de la conférence de presse habituelle des différents ministères, en précisant que l’enquête avancait.
Force est de constater que cela n’a pas suffit pour titiller la curiosité de nos journalistes.
La mienne a été bien réveillée en tout cas…le silence médiatique sur cette affaire est vraiment curieux ! L’officiel en parle, mais les médias, papiers particulièrement, ne creusent pas et rapportent juste les quelques mots officiels.
Si certains sites numériques ont mené leur enquête sur l’histoire de Marouane, nos journaux ont quand à eux, fait la sourde oreille. Pourtant des journaux à thème ‘sensationnel’ ne manquent pas.
Nulle part je n’ai vu la photo du Ministre de l’Intérieur de l’époque (1989), Mr Chadli NEFFATI, orner la une de ces journaux, dans la même logique que ce que l’on ne cesse de voir avec les plaintes déposées par les islamistes et indépendamment même de l’implication réelle du ministre d’ailleurs.
Nulle part l’instruction concernant cette affaire ni les inculpés n’ont été dévoilés, ni même l’histoire dramatique de ce jeune et de sa famille.
A ce point le sujet importe-t-il peu pour l’opinion publique ?
Ou faut-il médiatiser uniquement la torture qui a touché les islamistes ? Y a-t-il un deux poids deux mesures même face à la torture et à la mort ? ou est-ce les photos des ministres de l'intérieur qui sont traitées selon la loi du deux poids deux mesures...
Je ne trouve pas de réponse à mes interrogations. Heureusement en tout cas que nous avons des gens comme Mrs Ahmed Manai et Béchir Turki pour immortaliser à travers leur livres ce drame, l’un des plus sombres de Ben Ali. Je finirais ce billet, par passer une information que je viens de découvrir en faisant une recherche sur le cas de Marouane. Le brillant Khaled Zghal, l’autre disparition mystérieuse d’octobre 1995, n’était autre que l’ami intime de Marouane…
Sur ce, bon silence les journaux !